Internet et libertés

Je viens de finir de lire un petit fascicule qui s’intitule “Internet et libertés” édité chez CNRS Editions au mois de juillet dernier. L’auteur, Christophe Tardieu, était un parfait inconnu pour moi.

Après quelques pages où l’auteur nous prouve qu’il est cyber-branché, il apparait très vite que le titre est galvaudé et que l’ouvrage porte essentiellement sur la défense des droits d’auteur et la justification du dispositif Hadopi. Le dispositif est détaillé et justifié. L’envoi de lettre recommandée est ainsi expliqué : “Une heure d’attente à la Poste pour récupérer un courrier peut en effet représenter une incitation à cesser certaines pratiques et s’avérer plus efficace que d’hypothétiques sanctions pénales.” Phrase qui a fait bondir les guichetiers de la Poste en bas de chez moi, maintenant qu’ils sont “métiérisés” l’attente ne serait plus que de deux minutes.

L’éditeur n’ayant pas jugé utile de fournir une bio de l’auteur, la première de question qui vient à l’esprit est “qui donc est ce Christophe Tardieu ?”. Un indice s’est glissé dans l’introduction : “Qui dans une carrière professionnelle, n’a jamais regretté un mail envoyé un peu vite, un foward assassin ou un “répondre à tous” malheureux ? N’ai je pas moi même, dans l’exercice d’anciennes fonctions commis une bourde épouvantable, lourdement médiatisée, dont les conséquences ont été fort malheureux pour la personne concernée ?”

Deviné ! Christophe Tardieu est bien ce haut fonctionnaire qui travaillait au cabinet de Christine Albanel. Son nom est apparu car il a tenu un rôle actif dans le licenciement d’un journaliste de TF1, Jérôme Bourreau-Guggenheim, qui montrait des positions anti-Hadopi. Il a fowardé à l’employeur du journaliste (TF1) les interrogations que ce dernier avait faites auprès de son député. Bien que cet e-mail relevait de la correspondance privé et exprimait une idée politique, TF1 l’a licencié y voyant un conflit d’intérêt.

Notre pied nickelé internaute est maintenant président du Centre national de la danse et on est en droit de se demander pourquoi il a écrit cet ouvrage. Associé liberté et droits d’auteur est déjà assez malheureux mais de plus au lieu de donner des pistes sur de nouveaux modèles de rémunérations, notre haut fonctionnaire se contente de justifier un dispositif répressif et pas très loin d’être complètement rétrograde. Voir CNRS Editions associé à un livre qui ressemble plus à une tribune de presse en laissera plus d’un dubitatif.

Edit : entre temps j’ai trouvé une critique de l’ouvrage : http://www.numerama.com/magazine/16736-hadopi-defendue-dans-un-livre-par-l-ancien-directeur-de-cabinet-d-albanel.html